La Réalité de la Sorcellerie
Beaucoup de gens ne conçoivent pas la réalité de la sorcellerie. C’est compréhensible puisque les causes sont cachées des yeux et leur réalité est inconnue sauf de ceux qui en voient les effets sans connaître l’essence de la sorcellerie. Pour cela, l’imam Abou Hamid Ghazali (r) dit : « Ne t’étonne pas de cela. Je dis : seul le sorcier connait le sorcier ou un autre sorcier ou un plus fort. Celui qui ne connait pas la sorcellerie, ni sa réalité ni son essence ne connait du sorcier que le nom ; il sait qu’il a une connaissance et des particularités qu’il ne connait pas. Il sait que cette particularité est vague est de la nature des sciences et son résultat est de changer les cœurs et les attributs des choses et la séparation des couples, mais sans connaître la réalité de la sorcellerie. Celui qui ne connait pas la réalité de la sorcellerie ne connait pas la réalité du sorcier car le sorcier a la particularité de pouvoir faire la sorcellerie. Son nom dérive de cet attribut et on le connait uniquement en connaissant cet attribut. Un non sorcier ne connait de la sorcellerie qu’une description vague éloignée de la réalité et que c’est une science » (L130 1/57). Il faut aussi signaler que les savants même ignorent la réalité de la sorcellerie sans parler du commun des gens. Jassas (r) dit (L40 1/50) : « Nous devons parler de la sorcellerie car elle est inconnue pour beaucoup de savants sans parler du commun des gens ».
Les savants ont deux positions sur la réalité de la sorcellerie:
Première position : elle n’a pas de réalité
Ils disent : c’est des illusions et de l’imagination, des tours de passe-passe et de prestidigitation. C’est la position de la majorité des mutazilites et un groupe de savants comme Abou Mansour Almatridi, Ibn Hazm, Abou Jaâfar Aloustrabadhi parmi les chafiites et Abou Bakr Aljassas et d’autres. Leur position est que la sorcellerie n’a pas de réalité et n’est qu’illusion et imagination. Ils nient qu’elle puisse affecter par la maladie, ou délier ou attacher ou attirer ou éloigner. Ils nient ce qui est réel dans les catégories de sorcellerie. Mawardi (r) dit (L55 13/93) : « Les mutazilites logistes, le marocain dhahirite et Abou Jaâfar Aloustrabadhi le chafiite considèrent que la sorcellerie n’a pas de réalité ni d’influence et qu’il n’y a que l’illusion et l’imagination de la prestidigitation et qu’elle ne provoque que de l’illusion et des impressions sur l’ensorcelé ». Ibn Hajar (r) dit (L43 10/222) : « Il y a divergence sur la sorcellerie. Certains dirent c’est uniquement de l’illusion sans réalité, et c’est le choix d’Abou Jaâfar Alastrabadhi le chafiite, d’Abou Bakr Razi le hanéfite, d’Ibn Hazm le dhahirite et d’un groupe ».
Leurs arguments pour dire que ce n’est qu’une illusion sont :
Première illusion : le Très Haut dit : « Et voilà que leurs cordes et leurs bâtons lui parurent ramper par l'effet de leur magie » (Taha 66). Donc Allah dit que le travail de ces sorciers était une illusion sans réalité.
Deuxième illusion : le Très Haut dit : « Ils ensorcelèrent les yeux des gens et les épouvantèrent, et vinrent avec une puissante magie » (Aâraf 116), donc ce sont de grands tours et un grand péché pour s’opposer aux miracles du Messager d’Allah (s) qu’ils ont fait sur les yeux des gens pour leur faire croire que les cordes et les bâtons bougeaient.
Troisième illusion : le Très Haut dit : « Ce qu'ils ont fabriqué n'est qu'une ruse de magicien; et le magicien ne réussit pas, où qu'il soit » (Taha 69). Donc Allah informe que c’est une manigance qui n’a pas de réalité.
L’imam Ibn Hazm (r) donne cet argument (L53 5/5).
Réponses à ceux qui disent que la sorcellerie n’a pas de réalité :
Premièrement : les versets, certains indiquent qu’il y a plusieurs sortes de sorcellerie, certaines ont une réalité et d’autres sont une illusion sans vérité. L’imam Chinqiti (r) dit (L95 4/45) : « Si la sorcellerie n’était pas une réalité, Allah n’aurait pas enseigné de demander la protection contre elle. Nous développerons par la volonté d’Allah les types de sorcellerie : certaines ont une réalité et d’autres sont des illusions sans réalité. Ainsi il n’y a pas de contradiction entre les versets qui montrent qu’il a une réalité et ceux qui montrent que c’est une illusion ».
Deuxièmement : si la sorcellerie n’était pas réelle, le Prophète (s) n’aurait pas dit : « Allah m’a guéri ».
L’imam Qurtubi (r) dit (L112 2/41) : « La parole du Prophète (s) : « Allah m’a guéri ». La guérison est la disparition des symptômes et de la maladie, donc cela prouve qu’il a une réalité. C’est donc une certitude d’après les informations d’Allah le Très haut et de son Prophète (s) : elle existe et elle se produit. Ainsi disent les savants décideurs qui constituent l’unanimité, et comme ils sont d’accord il n’y a pas à considérer les mutazilites et leur divergence avec les gens de vérité. La sorcellerie s’est répandue et fut célèbre dans les époques passées et les gens en ont parlé, et on ne connait pas chez les compagnons ni les suiveurs qui a renié sa réalité ».
Troisièmement : la parole du Très Haut : « Contre le mal de celles qui soufflent dans les nœuds » (La Fente 4) : les sorcières, l’imam Ibn Kathir (r) dit (L169 4/574) : « Mujahid, Ikrima, Hasan, Hasan, Qatada, Dhahhak disent : les sorcières. Mujahid dit : quand elles lisent les incantations et soufflent sur les nœuds ».
Quatrièmement : leur parole est contre les récits très nombreux et célèbres des premiers de cette communauté. L’imam Ibn Qayim (r) dit (L105 2/452) : « Sa parole : « Contre le mal de celles qui soufflent dans les nœuds » ainsi que le hadith d’Aïcha (r) précité prouvent l’effet de la sorcellerie et qu’elle est réelle. Un groupe de logistes des mutazilites et d’autres ont nié cela et disent que la sorcellerie n’a absolument aucune influence, que ce soit sur la maladie, la mort, l’ouverture ou la fermeture. Ils disent : c’est une hallucination qui affecte les yeux des gens sans aucune autre réalité. Or ceci va à l’encontre des informations des compagnons et des prédécesseurs et du consensus des juristes, des exégètes, des savants du hadith, des spirituels du soufisme, de tous les gens raisonnables. La sorcellerie qui influence la maladie, la lourdeur, l’ouverture, la fermeture, l’amour, la haine, la séduction et d’autres effets existe, le commun des gens la connait et beaucoup d’entre eux y ont goûté en tant que victimes ».
Cinquièmement : quant aux versets qu’ils ont invoqués, nous reconnaissons que l’illusion est une partie de la sorcellerie, mais au-delà de cela d’autres choses que la raison comprend et dont nous entendons sont avérées, comme ce verset qui mentionne la sorcellerie et son enseignement, et si elle n’était pas une réalité il ne serait pas possible de l’enseigner et le Très Haut ne dirait pas qu’ils enseignaient aux gens, donc ça prouve qu’elle a une réalité (L112 2/41).
Deuxième position : elle a une réalité et une influence
C’est l’avis des juristes, de Chafii, Abou Hanifa et Malik (L55 13/93). Ibn Qoudama (r) écrit (L3 12/264) : « Elle est réelle, elle peut tuer, rendre malade, rendre l’homme impuissant devant sa femme, séparer le couple et provoquer la haine ou l’amour ».
Ibn Hajar (r) dit (L43 10/222) : « Nawawi dit : ce qui est correct est qu’elle a une réalité, ainsi a tranché la majorité, c’est la position de l’ensemble des savants, et le Coran et la Sounna authentique et célèbre le prouvent ».
Nawawi dit : ce qui est correct est qu’elle a une réalité, ainsi a tranché la majorité, c’est la position de l’ensemble des savants, et le Coran et la Sounna authentique et célèbre le prouvent (Le Jardin des Demandeurs 9/346).
Ibn Hajar (r) rapporte (L43 10/222) selon Maziri : « L’ensemble des savants considère la sorcellerie comme une réalité et certains ont nié sa réalité en qualifiant tout ce qui se passe d’hallucinations fausses. Cette parole est rejetée puisque les textes affirment la réalité de la sorcellerie et la raison ne le rejette pas puisqu’Allah peut modifier la règle naturelle quand le sorcier prononce des paroles complexes ou compose des corps ou mélange des forces d’une manière précise. Cela est similaire à ce que font d’habiles médecins en mélangeant des produits qui étaient nocifs séparément mais deviennent bénéfiques dans la composition.